Sous la lune

Toi, la statue, que fais-tu sur ton socle ?

Pourquoi n'en descends-tu jamais ?

Je sais, je sais, on t'appelle Sophocle,
Et tu es très fier de te faire admirer.

On dit que tu as un cœur de pierre,
Mais moi, je sais que ce n'est pas vrai.

Je sais qu'une certaine nuit de mai,
Alors que tu avais la lune comme seul témoin,
Tu es allé rejoindre Gomorrhe, la belle et tendre
Psyché, et que cette nuit-là, ton cœur que l'on dit
De pierre, très fort alors s'est mis à palpiter.

Tu es le fruit mûri dans l'imagination du
Sculpteur qui, avec amour, t'a créée.

Savait-il qu'un jour le bel Ange Cupidon,
Courant d'un cœur à l'autre, distrait
Comme la libellule aux couleurs d'azur,
D'une flèche percerait ton armure, et que
Cette nuit-là, sous le regard de la lune,
Deux statues tendrement se sont enlacées.

Bondy,    1969

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